mardi 18 octobre 2011

Fiesta des suds : Paco de Lucia a enflammé le chapiteau du Dock

Le guitariste espagnol et son groupe ont enflammé, hier soir, le chapiteau du Dock
Paco de Lucia, hier soir à la Fiestades Suds : l'âme du flamenco
Paco de Lucia, hier soir à la Fiesta des Suds : l'âme du flamenco
Photo Guillaume Ruoppolo




Quand il n'est pas réduit à des clichés pour touriste, le flamenco peut passer pour un art aride voire réservé à quelques aficionados pointilleux, ayatollah du compas ou du duende. Mais quand il est servi par un artiste de la dimension de Paco de Lucia, le flamenco devient une évidence.

Hier, le maestro qui remplaçait au pied levé Cesaria Evora dans la programmation de la Fiesta des suds, a fait se déplacer la foule des grands soirs. Des spécialistes de flamenco, des Espagnols venus directement d'outre Pyrénées, des gitans de l'étang de Berre, des membres de clubs, l'état-major au grand complet de Solea, l'école de danse marseillaise, mais aussi, et pour le plus grand nombre, de simples amateurs de musique. Et ça faisait du monde.

Lorsqu'il débarque seul sur scène, longue silhouette au profil d'aigle, le silence s'impose dans le chapiteau. Lorsqu'il joue, principalement des thèmes tirés de son dernier album Cositasbuenas, on dirait que plusieurs guitaristes jouent ensemble.
La technique est impressionnante. Le maestro de Algeciras a failli dégoûter de la six cordes le gratin des musiciens avec qui il a joué. Mais ce n'était qu'un étourdissant prélude. Arrive sur scène son groupe avec des instruments très peu flamenco. Une basse électrique, un harmonica, un synthétiseur, une batterie.
On pourrait croire à un de ces concerts de fusion, du flamenco-rock ou du flamenco-jazz. Pas du tout. Le miracle de Paco est de tirer l'harmonica, la basse électrique, la batterie et le synthétiseur vers le flamenco le plus authentique. On ne dira pas le plus pur puisque cet art est par naissance et par essence impur.
Il faut dire que les "accompagnateurs" de Paco sont au-dessus de tout éloge. Duquende en premier, légende du cante fait apprécier sa belle voix rauque et son chant profond, notamment sur une solea por buleria de toute beauté. À ses côtés David Jacoba, dans un registre un peu plus aigu, est une véritable révélation. Généreux, Paco les laisse s'exprimer, se mettant un peu en retrait pour ne pas
tirer la couverture à lui.

De même, quand intervient le danseur Farru qui a littéralement le flamenco dans le sang puisqu'il est petit-fils, fils et frère de danseur. Et dans la famille ce n'est pas le moins doué. En Espagne sa cote n'en finit pas de grimper. Et des jeunes filles avaient fait le déplacement uniquement pour le voir. Elles n'ont pas tort. En plus d'être joli garçon, c'est un excellent danseur qu'on aimerait voir sur des durées un peu plus longues que ses courtes apparitions.

Après une heure et demie de spectacle et un seul rappel, la lumière se rallume. Un mot pour dire du bien de Imany, belle voix blues et folk venue des Comores qui a séduit. Des gitans et des Comoriens: on se serait cru dans le pire cauchemar de Brice Hortefeux.

Jacques COROT La Provence du 16 octobre 2011

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