mercredi 18 novembre 2015

Beth Hart : « La tristesse est partout » (Le Républicain Lorrain)



Actuellement en France, la reine du blues-rock et de la soul nous confie ses sentiments. L’Américaine jouera demain soir à Strasbourg.



Votre tournée mondiale passe en ce moment par la France. Comment réagissez-vous aux événements qui touchent le pays ?

Beth HART : « C’est dramatique. Beaucoup de personnes avec qui nous avons l’habitude de travailler ont perdu des amis et des membres de leur famille lors des attentats de Paris. Bien sûr, nous avons annulé notre concert samedi soir à Clermont-Ferrand. Je suis presque surprise qu’on nous laisse reprendre notre tournée cette semaine. J’imagine que notre rôle est de faire en sorte que les gens oublient un peu ces événements le temps d’un concert. Mais on peut ressentir de la tristesse partout. C’est dans l’air. Sur scène, je vais essayer de trouver les mots pour communiquer avec le public. J’ai d’abord cru qu’avec la barrière de la langue, ce serait difficile. Mais à chaque fois que je parle, je sens la salle qui me répond et tout se passe bien. »

Toutes vos chansons sont très intimes et vous ne cachez rien de vos démons intérieurs. Mais jamais vous n’abordez de sujets politiques ou sociaux. Il y a une raison ?

« Rien ne m’autorise à m’exprimer publiquement sur ces sujets que je maîtrise mal. Mon métier est juste de chanter et d’écrire de la musique. Bien sûr, il me serait facile de dire : « le terrorisme, c’est mal » et « aimons-nous les uns les autres ». Mais à quoi bon, c’est évident, non ? Moi, j’écris sur ma vie, qui n’a pas toujours été simple. J’ai dû me battre contre mes problèmes d’alcool, de drogue, de bipolarité. Je préfère décrire ce que je suis, ce que je ressens au jour le jour, ce qu’ont été les étapes de ma survie au quotidien, mon combat permanent contre mes addictions avec l’aide de mes amis et l’amour de mon mari. Voilà sur quoi je préfère écrire. »

Votre dernier album, Better Than Home , est plus positif, plus léger que les précédents. Est-ce une nouvelle direction que vous voulez donner à votre carrière ?

« Je ne sais pas. J’ai déjà écrit l’album suivant en fait, et il est actuellement en phase de mixage, même si je n’ai pas l’intention de le commercialiser tout de suite. Je l’ai écrit dans la foulée de Better Than Home et il sera plus énergique. Musicalement, ce sera un mélange de jazz, rock, blues et un peu de gospel. Quant aux textes, ils parlent d’amour, de foi et d’espérance. »

La religion tient un rôle important dans votre vie…

« C’est très important pour moi. Même si je préfère aller à l’église quand il n’y a personne et que je peux prier seule, au calme. J’ai vraiment l’impression qu’à chaque fois, dans ma vie, que j’ai besoin de l’aide de Dieu, il répond à mes prières. Et à chaque fois que je m’éloigne de Lui pour essayer de faire face toute seule à mes problèmes, cela se termine toujours mal pour moi, avec des ennuis et de la souffrance. Avec Dieu, tout devient plus facile et plus léger. Et aussi, tout prend un sens plus profond. Ma quête, depuis que je suis toute petite, a toujours été de mieux aimer, dans tous les sens du terme : aimer les autres, respecter la nature, m’accepter comme je suis. Et travailler à être plus tolérante, plus patiente, savoir pardonner, être généreuse. Et pour réussir, cela commence par être honnête. C’est pour cela que je ne cache rien et que je n’ai jamais rien caché de mes faiblesses. De cette façon, à chaque fois qu’il m’arrive de déraper, les gens autour de moi me le disent aussitôt et m’aident à me remettre sur le bon chemin. »

Propos recueillis par Thierry CUGNOT Le Républicain Lorrain le 17 novembre 2015

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