jeudi 4 août 2016

Neil Young, solide comme le rock (Le Figaro)

Neil Young
Neil Young


La légende canadienne termine sa tournée française par une date parisienne. L'occasion de saluer un artiste toujours aussi percutant, accompagné par un groupe qui lui offre une quatrième jeunesse.








Quarante ans tout juste après son premier concert français, Neil Young termine à Paris la tournée la plus conséquente de sa carrière depuis le Trans Tour, en 1982. C'est à Lille, le 13 mai dernier, que ce périple a commencé, dans le cadre d'un Zénith surchauffé. Cinquante ans après le premier album de Buffalo Springfield, qui l'a révélé, le Canadien y retrouvait la scène accompagné d'un nouveau groupe. Baptisé Promise of the Real, il est emmené par les deux jeunes fils de celui qu'il considère comme son frère: Willie Nelson. Avec cette légende de la country américaine, Young avait monté, il y a trente ans, l'association Farm Aid pour venir en aide aux agriculteurs américains. Aujourd'hui, il est à la tête d'une croisade anti-OGM. Il a consacré un album entier à la cause, le très bon The Monsanto Years, où il retrouvait l'inspiration après une séquence de disques plus anecdotiques.

Avec ces accompagnateurs jeunes, Neil Young paraît trouver une nouvelle jeunesse. Au moins la quatrième, lui qui fut loué par le mouvement punk et considéré comme parrain par la scène grunge américaine du début des années 1990. L'homme nous confiait encore récemment être dans une forme éblouissante. S'il a fêté ses 70 ans en novembre dernier, il donne en effet actuellement quelques-uns de ses concerts les plus éclatants. «J'ai eu des hauts et des bas, reconnaît-il. Mais je me sens de mieux en mieux.»


Une carrière imprenable

À Lyon, mercredi dernier, il offrait ainsi une prestation fracassante. 3h15 d'un concert à l'intensité inouïe, pendant lequel il a repris quelques raretés de son répertoire riche de 37 albums studio. Here We Are in the Years, Revolution Blues et Like an Inca (qu'il n'avait pas rejoués depuis 1982) figuraient ainsi au programme, côtoyant des chefs-d'œuvre comme Harvest ou Ragged Glory. Avec ce nouveau tour de chant, Young offre un panorama imprenable sur sa carrière de rocker, fournie et imprévisible. D'abord au piano, puis à la guitare et à l'harmonium pour des pièces aussi délicates qu'After the Gold Rush ou Heart of Gold, avec une Gretsch antique sur les pièces les plus folk-rock de son répertoire, et enfin avec force larsens dans la dernière partie de la soirée. Grâce à la souplesse et à l'érudition de son groupe, Neil Young peut passer des accents bucoliques des Stray Gators aux improvisations psychédéliques de Crazy Horse en passant par les harmonies vocales de Crosby Stills, Nash & Young. Dans des joutes guitaristiques fiévreuses avec Lukas et Micah Nelson, il retrouve même l'émulation engendrée par sa rivalité avec son frère ennemi Stephen Stills.

Le 24 juin prochain, soit au lendemain de son concert parisien, Neil Young sortira son nouvel album, Earth, fruit d'enregistrements live avec Promise of the Real, auxquels il a agrégé des sons d'animaux et une chorale féminine. Un album aussi étrange que séduisant, bien dans la manière de cet original qui continue de n'en faire qu'à sa tête, avec la fraîcheur du gamin farceur s'amusant à jouer de la guitare à fond pour ennuyer les voisins.

Olivier nuc, Le Figaro le 22 juin 2016

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