mercredi 22 février 2017

Sanary : pas de brexit pour le blues anglais (La Marseillaise)


John Mayall
John Mayall

Etape de choix pour les amateurs  : John Mayall en concert au Théâtre Galli le mercredi 22 février. Pulsion passion pour ce parrain du blues anglais.



Regard de feu, voix rauque, rythme langoureux, démarche de crooner, accent du Kent, mains agiles sur sa guitare, John Mayall est une légende vivante pour tous les amateurs de blues. Le vrai, le seul celui qui sent le whisky et la fumée. Attention, un seul concert pour ce monstre sacré de passage mercredi prochain. Chaude ambiance attendue.

Véritable pionnier du blues anglais, John Mayall a lancé des guitaristes comme Mick Taylor, Peter Green et confirmé le talent d’Éric Clapton. C’est un musicien généreux qui aime semer ses influences chez les jeunes artistes. Il est aussi célèbre pour sa pédagogie que pour ses rares albums dont certains sont devenus cultes.

Son esthétique a toujours été au carrefour de trois influences ou disons de trois époques. Le blues historique le blues du delta : un blues joué à la guitare (avec parfois l'adjonction de la washboard ou planche à laver) et qui reste très pulsant. Les figures de proue historiques comme Charley Patton (1887-1934), Blind Lemon Jefferson (1897-1930), Leadbelly (1885-1949) ou Bessie Smith (1895-1937) l’ont profondément marqué. Contrairement aux idées reçues le blues du delta n'est pas antérieur au blues urbain, ils se sont juste développés quasi-simultanément. En raison des vicissitudes économiques, bon nombre de noirs vont émigrer vers les villes.

 Si le blues du delta est joué dans des granges pour un petit nombre de personnes, le blues urbain, joué dans des clubs ou dans la rue, nécessite une sonorisation plus forte pour pouvoir être entendu. C'est ainsi que commenceront à se former de véritables orchestres de blues avec basse, batterie, piano, guitare et parfois cuivres sous l'influence des musiciens de jazz.

Enfin la période du « Réhabilitation blues » dont Mayall est le prophète. De façon arbitraire on peut dater la fin de l'époque historique à la grande crise de 1929 et aux années qui l'ont suivie. Par la suite l'émigration sera massive vers les grandes cités industrielles du nord Détroit et surtout Chicago. Celle-ci deviendra la capitale du blues jusqu'à la seconde guerre mondiale.

Tombé dans l'oubli après la guerre il sera réhabilité en Europe par de jeunes blancs fascinés et respectueux : Keith Richards, Peter Green, Jimmy Page, Éric Clapton et surtout John Mayall leur grand parrain. Avec ses mythiques Blues Breakers il a permis l’éclosion des pointures comme Jack Bruce (basse) et Aynsley Dunbar (batterie). Ses albums les plus emblématiques restent Blues From Laurel Canyon (1968) et The Turning Point (1969). John Mayall est resté, toute sa carrière durant, fidèle aux douze mesures du style de Chicago. A 84 ans, il vient de sortir un nouvel album, intitulé Talk about That Quelle jeunesse ! C’est un collector-témoin. Mais rien ne vaut la présence effective de ce géant. Une occasion unique de le retrouver en concert, guitare au point.

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