samedi 8 novembre 2014

Interview : Beth Hart (Le Républicain lorrain)

Musique - La chanteuse américaine Beth Hart a connu la drogue et l'alcool avant de gagner, à 19 ans, l'émission Star Search aux États-Unis. Elle côtoie désormais les plus grands.

Peut-on dire que votre musique est un mélange de soul, blues et jazz ?

Beth Hart : Oui, mais il ne faut pas oublier le rock'n'roll. Et même si mes shows ne sont plus aussi rock qu'à mes débuts, il m'arrive encore de chanter Whole Lotta Love de Led Zeppelin...


Votre style musical n'est pas le seul à avoir évolué ces dernières années. Votre look a aussi beaucoup changé. Vous êtes devenue beaucoup plus féminine…


Tout a commencé avec l'enregistrement de l'album Don't Explain avec Joe Bonamassa. C'est lui qui m'a demandé de chanter sur des registres soul, blues et jazz que je ne connaissais pas. Et j'ai ressenti l'envie de m'habiller d'une façon qui reflétait mon humeur à ce moment-là. Depuis, mon style vestimentaire a changé au fil des enregistrements, l'album Seesaw, avec Joe, ou mon album solo Bang Bang, Boom Boom. Mais il est resté très féminin.

Aux États-Unis, vous avez gagné à 19 ans le concours télévisé Star Search, l'ancêtre de The Voice ou Rising Star. C'est comme ça que vous avez pu enregistrer votre premier album ?


Non. À ce moment-là, ce type d'émission n'était pas vraiment à la mode, peu de gens regardaient. Cela m'a permis de gagner pas mal d'argent, de déménager dans un plus bel endroit, de faire restaurer mon piano, de m'acheter de jolies choses, mais pas d'obtenir un contrat avec une maison de disques. J'ai dû créer ma propre maison de disques et ce n'est que deux ou trois ans plus tard que j'ai signé un contrat avec une major.

Et maintenant, vous êtes tellement célèbre que vous êtes reçue à la Maison-Blanche…

(Elle rigole) C'est amusant que vous disiez cela parce ce que je ne me considère pas, mais alors pas du tout, comme quelqu'un de célèbre! En fait, c'est grâce à Jeff Beck, un ami, que j'ai pu rencontrer les Obama. Il devait donner un concert à Washington en l'honneur du guitariste de blues Buddy Guy, et il m'a demandé si je voulais chanter pour lui. Nous avons rencontré Hillary et Bill Clinton. Et le lendemain, nous étions tous invités à la Maison-Blanche où nous avons été reçus par Barack et Michelle Obama. Un moment merveilleux.

Est-ce que, comme vous le dites dans une chanson du dernier album, vous vivez dans la plus moche maison du quartier ?


Oui, et ce n'est pas du tout une exagération (rires). Si vous venez dans ma rue, à Los Angeles, vous pourrez immédiatement vous en rendre compte. Cette chanson est une métaphore. Elle décrit à la fois ma maison et ma vie, la façon dont je la ressens. C'est indubitablement la maison la plus moche du quartier, mais c'est la plus drôle, la plus amusante à vivre. Et il y a beaucoup d'amour. Nous y vivons très heureux depuis plus de 16 ans. À l'intérieur, l'art y a toute sa place. Je peins beaucoup et il y a des tableaux partout. On dirait un musée.

Avez-vous déjà exposé ?

Non. Je peins depuis l'âge de 16 ans mais je n'ai jamais pris de cours. Pour moi, c'est plus une autre façon de m'exprimer que la chanson, plus douce, plus tranquille. C'est comme une thérapie.

Vous avez connu des troubles bipolaires et des problèmes d'addiction à la drogue et à l'alcool. Est-ce que tout cela est derrière vous ?

On ne peut jamais dire que c'est terminé. Je sais que c'est un travail de tous les jours. Cela fait 15 ans que je n'ai pas touché aux drogues qui m'avaient vraiment abîmée. À l'époque, je ne ressemblais plus à grand-chose et on aurait pu croire que je ne m'en remettrais jamais. Mais j'ai rencontré mon mari et beaucoup de gens merveilleux qui m'ont aidée à ne plus jamais toucher à cela. Malheureusement, encore aujourd'hui, il m'arrive de boire plus que de raison de temps en temps. Ce n'est pas vraiment une bonne idée mais cela n'atteint jamais les proportions que j'ai connues quand j'étais vraiment malade.

Votre chanson Everything Must Change décrit tout cela, n'est-ce pas?


C'est une chanson sur le fait de se retrouver à l'hôpital, à un moment où plus rien ne va, et de prendre conscience que tout peut changer, peut s'améliorer. Mais en même temps, lorsque tout est revenu au beau fixe, garder en mémoire que tout peut basculer à nouveau. C'est le danger de la vie et ce qui en fait toute sa beauté. Rien n'est jamais certain.

Recueilli par Thierry Cugnot (Le Républicain lorrain)

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