mardi 19 janvier 2016

Beth Hart et le Paradisio où la révéation d'une artiste




J'ai découvert Beth Hart, pour la première fois dans une émission de télévision américaine. C'était un matin dans un pub du côté d'Avignon. Mal réveillé, je sirotait un café avant de partir faire quelques courses. Il y a des matins comme çà qui restent encrés dans la mémoire de chacun. Elle succédait à d'autres chanteuses de variété inconsistantes dans une émission sans réel intérêt. Elle jouait une chanson qui avait été présentée comme son single du moment : « LA Song » . une prestation, somme toute, banale pour une balade sucrée. Mais sa voix m'a fait sortir, partiellement, de mon brouillard matinal


.



Soudain elle se leva de son piano se lança dans l'interprétation de « Am I the One ». Un extrait de son second album « Immortal ». Elle était maigre, les yeux hagards et les traits creusés. Elle sentait la dépendance à la drogue à plein nez. Mais elle vivait son texte d'une façon telle que je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Des frissons me traversaient le corps, le cœur s'emballait. J'ai failli en tomber de mon tabouret. Pour le coup, le café est resté sur le comptoir.





Dans sa prestation, on la sentait prise avec ses démons personnels. Et elle les a écorchés vifs. En Beth Hart, il y avait du Jeff Buckey dans ses moments transcendants, de la Janis Joplin avec un vibrato de la voix, des instants de douceur qui auraient bien collé à Stevie Nicks. Bref ! Les âmes de grands (es) de la musique anglo-saxonne possédaient cette chanteuse qui m'était jusque là inconnue. Son chant donnait aux sentiments une couleur visible, quelque chose de physiquement intense rendant tangible leur métaphysique.

Bref une explosion de sensations.

Une apparition et une disparition aussi rapides que les sensations qu'elle avait provoquées en moi étaient intenses. En essayant de suivre la carrière de ce feu follet chantant, je sus qu'elle s'était fait virer de son label, la drogue n'y était peut être pas pour rien. Qu'elle s'était retrouvée un moment en prison après avoir été interpellée par la police en étant ivre. Je me suis demandé un moment si, un jour, je reverrai cette étoile filante.

Puis, en 2003, Beth Hart sortit un album « Leave the Light On » qui ne trouva pas le public qu'il méritait. Dans cet album elle retraçait sa lutte pour revenir à une certaine sobriété. C'est un album d'une honnêteté musicale intransigeante, dur , un reflet de cette période de la vie de d'une artiste confrontée à elle même. Et je suis resté étonné par son optimisme fondamental. On trouve dans cet album une version méconnaissable et pleine de dynamisme de "Wild Horses" des Rolling Stones



Mais surtout deux bijoux

Broken and ugly



Monkey back



Deux morceaux qui reflètent bien ce qu'est une chanteuse de blues qui a les nerfs à fleur de peau et comment cela se traduit dans sa musique. Cependant cet album sonne comme une production rock classique et on sent bien qu'elle est freinée par le processus d'enregistrement en studio.

« Live At Paradiso » brise  les limites

Enregistré en 2004 lors d'un show à Amsterdam lors d'une tournée européenne qui eut énormément de succès, « Live At Paradiso » pris la forme d'un DVD sorti en Mars 2005. Pour la première fois depuis ce matin de 1999, je retrouvai l'énormité, la sensualité et l'expression de cette voix qui m'avaient en ému. Justice venait de lui être rendue.

La tracklist était inattaquable, y compris les meilleures chansons de ses premiers albums. Elle y intégra une interprétation de plus de dix minutes de « Am I the One » à couper le souffle. Et puis les chansons citées plus haut explosent aussi comme en témoignent les extraits vidéos. D'autres qui m'avaient laissé indifférent en version studio se révèlent à moi comme a « world without you »

 Beth Hart: world without you




Et puis le cover EXTRAORDINAIRE de « Whole Lotta Love »




Dans chaque chanson, qu'elle reste sobre comme « Leave the Light On » ou « LA song » où qu'elle s'enflamme comme dans celles citées ci dessus, elle chante comme si elle était libre de toute contrainte, de tout ce à quoi une chanson classique devrait ressembler.

Beth Hart est la seule chanteuse que je connaisse qui sache mettre à nue ses émotions intimes, son âme sans que ses auditeurs se sentent voyeurs que ce  soit lorsque elle se dévalorise comme dans « Broken and ugly » ou qu'elle exprime son désespoir dans « Am I the One ». Seule une artiste comme Janis Joplin résonne dans ma mémoire avec un tel charisme.

Beth Hart s'est révélée au public avec cet enregistrement en concert. Depuis, je considère que c'est sur scène qu'elle exprime toujours le mieux sa force et son intimité. Comme en témoigne sa performance en 2014 à Gémenos. Soirée qui reste mémorable à plus d'un titre pour moi.






Set List: Live at paradisio

CD[edit]

  1. "Delicious Surprise" – 4:15
  2. "Guilty" – 4:52
  3. "Leave the Light on" – 4:42
  4. "Lifts You Up" – 3:59
  5. "Broken & Ugly" – 4:48
  6. "Get Your Shit Together" – 5:56
  7. "Immortal" – 7:07
  8. "Monkey Back" – 5:37
  9. "Am I the One" – 10:44
  10. "Mama" – 4:25
  11. "L.A. Song" – 4:31
  12. "World Without You" – 5:17
  13. "Whole Lotta Love" – 7:54

DVD[edit]

  1. "Hiding Under Water"
  2. "Delicious Surprise
  3. "Guilty
  4. "Leave the Light on
  5. "Lifts You Up
  6. "Broken & Ugly
  7. "Get Your Shit Together
  8. "Immortal
  9. "Lay Your Hands on Me
  10. "Monkey Back
  11. "Am I the One
  12. "Mama
  13. "L.A. Song
  14. "World Without You
  15. "Whole Lotta Love

Bonus tracks

  1. "Bonus 35 Minute Rockumentary" 
  2. "World Without You" (music video) – 4:03
  3. "I Don't Need No Doctor" (extra live song) – 9:56




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